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des pouvoirs), qui avait atteint le niveau 8 sur l'échelle de Richter de la débilité (Loft Story, etc.), servait d'opium au peuple. Bref, officiellement, la France se portait comme un charme. Tel était en tout cas le mot d'ordre des instances dirigeantes du pays en ces piètres années de démocratie en trompe-l'œil ! Parallèlement, la corruption étendait son emprise tentaculaire. Une corruption feutrée « à la française », habilement dissimulée, qui gangrenait de nombreux rouages de la société par le biais des lobby et autres réseaux plus ou moins occultes (franc-maçonnerie, presse, etc.), y compris au sein de l'appareil judiciaire. Au point que même les juges les plus tenaces (Eva Joly, Eric Halphen…) se cassèrent les dents dans nombre de procédures engagées contre les gros bonnets de la politique et du pouvoir. Relaxes, non-lieux, loi sur la présomption d'innocence. La classe politique s'auto-immunisait pour se protéger des importuns. Dans le même temps, un tribunal du centre de la France infligeait une peine de 6 mois de prison à une mère dans le besoin qui avait volé de la nourriture pour son enfant de 3 ans. Une sanction pour l'exemple… à vous foutre la nausée !


RATAGE


Il y eut bien le grondement provoqué par l'extrême droite au premier tour des élections présidentielles du printemps 2002. Hélas, le soufflé est vite retombé. La France, celle des bien-pensants de droite et des donneurs de leçon de la gauche caviar (paradoxalement revigorée par son cuisant échec) joua à se faire peur et entretint pendant 15 jours un climat d'inquiétude totalement irrationnel. Il fallait voter escroc. Tel était le slogan pour cette élection phare des institutions françaises. Du jamais vu, mais dans l'air du temps néanmoins. La gauche, naïve (?), battue à plate couture, l'avait décrété pour soi-disant sauver la France en danger. Seule Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière) eut la lucidité de ne pas se prêter à cette mascarade. De son côté, avec son groupe d'indépendants, il décida de rester en dehors de la plus grande supercherie à laquelle les Français allaient participer. De fait, les Français, en réalité la moitié d'entre eux, se comportèrent comme des bœufs (animaux qui ont perdu leurs attributs sexuels !). Fait peut-être unique dans les annales de la république, en récompense de sa malhonnêteté, ils gratifièrent le président escroc, candidat à sa propre succession, de plus de 82% des voix. Il n'en demandait pas tant! Un résultat à l'africaine, digne des républiques bananières. Ainsi, grâce à la gauche, au plus haut niveau des Institutions de la V° République, on se voyait miraculeusement absous de tous les actes délictueux. Forts d'un triomphe sans précédent pour eux, les insipides partis de droite et de droite extrême jubilaient sous cape. Tout en affichant une affectation de pure circonstance face à la pseudo montée de l'extrême droite. La droite venait de jouer son plus beau tour de con à la gauche. Sur le moment, celle-ci, à l'exception de Lutte Ouvrière et du Parti Travailleur, n'a rien compris. Trop sûre d'elle, incapable de défendre un bilan, pourtant pas si mauvais que cela, elle n'a surtout rien vu venir quand Chirac l'a piégée sur le thème de la sécurité. Une peur de l'insécurité qu'il a commencée à instrumentaliser dès le 14 juillet  2001 à la télé. De cette façon, le « florentin » évitait de faire du chômage et de la précarité  -les deux véritables problèmes français- le thème central de la campagne des présidentielles. Lui-même incapable de traiter  fondamentalement ces questions, le président sortant pressentait que sa vision arrangerait également son adversaire Jospin, pas si à l'aise que cela non plus en matière d'emploi. Le Premier ministre étant par ailleurs convaincu que "ses" fonctionnaires, qui constituaient  le gros des troupes de sa base électorale, suffiraient à le porter sur la plus haute marche des Institutions. Tacite consensus au plus haut niveau de l'Etat : cachez la souffrance de ce petit peuple qu'on ne saurait entendre…
Au soir du 5 mai, Chirac échappait pour 5 ans encore (et peut-être définitivement) à la justice de son pays. Sa réélection sonnait le glas des espoirs de plus de 10 millions de Français. A travers leurs votes, ils avaient pourtant clairement exprimé leur exaspération de vivre dans l'angoisse du lendemain à cause de l'insuffisance de leurs revenus. Alors que, dans le même temps, ils constataient qu'une autre partie des Français, grâce à la protection de leur statut, jouissait de conditions de vie enviables, et que d'autres encore, de plus en plus nombreux, s'en mettaient plein les poches et affichaient sans vergogne des salaires colossaux…
En jouant sur les réflexes de peur d'une partie de la population, le système politicien avait parfaitement fonctionné en se prémunissant contre toute velléité de réforme profonde (instauration d'un revenu minimum de 800 euros à tout citoyen français, gratuité totale de la justice, etc.). Les vainqueurs des présidentielles, bien qu'ils s'en défendissent, n'eurent pas le triomphe modeste. Ils venaient de rouler magistralement dans la farine le « brave » peuple, avec la pitoyable complicité de la gauche. Ils remportèrent, sans aucune difficulté, les élections législatives dans la foulée, face à une gauche, dispersée, qui n'avait manifestement, ni tiré, et encore moins retenu (en dépit des incantations de quelques ténors), les leçons de sa lamentable déroute aux

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