(Suite de la page 17)

teurs qu'étaient le député paradeur, et son suppléant, le maire mythomane du chef-lieu d'arrondissement. Il s'était présenté contre eux  aux élections législatives et municipales à quatre reprises. En vain ! Ces deux bellâtres représentaient à ses yeux le couple emblématique du degré zéro de la politique. Lequel couple continua à sévir longtemps encore dans cette contrée bourguignonne, où indubitablement, la Révolution Française n'était pas passée ! En 20 ans, cette partie nord-est de la Bourgogne s'était vidée de plus de 10 000 habitants. Mais les deux vaniteux n'en avaient cure. Leurs frivoles (pré)occupations ne leur laissaient guère le temps de s'occuper sérieusement de sujets graves. Sujets que les deux dilettantes auraient, de toute façon, été incapables de traiter tant ils étaient dénués d'intellect. Ils avaient d'autres chat (tes) à fouetter ! Pour eux, l'important était de faire croire qu'ils étaient à l'origine de tout. C'est ainsi qu'en 1993,  Le Nouvel Observateur (dont on devine la source unique) osa écrire que Beauvalet avait sauvé la métallurgie à Grosbar grâce à ses bonnes relations avec le Premier ministre de l'époque Edouard Balladur. La direction du leader mondial du tube acier  a-t-elle su qu'elle devait la survie de son entreprise à Beauvalet ? A-t-elle pensé à remercier son sauveur ?
Il les connaissait bien ces deux gigolos de la politique pour les avoir fréquentés à des époques et dans des contextes différents.  Adolescent, à la fin des années 60, il avait été pensionnaire avec Beauvalet (dit cœur d'artichaut, parce qu'il s'éprenait immédiatement de toute nouvelle et aguichante créature qui avait l'immense bonheur de croiser son regard torride dans la cour du lycée Chapetmont à Dijon). Il s'était lié d'amitié avec ce fils d'agriculteur du plateau châtillonnais, chez qui, cependant, il avait très vite remarqué l'irrépressible besoin de séduire, aidé qu'il était par un physique auquel la gent féminine ado ne restait apparemment pas insensible. Néanmoins, il avait également décelé chez lui la faiblesse imaginative. Quant à Flotte l'ignare, originaire de l'est de la France, il  incarnait la quintessence de l'imbécillité, tant le personnage sonnait creux. Il n'était qu'apparence. Sa personnalité se résumait à presque rien : une braguette prête à s'ouvrir à tout moment. Ce qui valut à quelques imprudentes non consentantes des volées de noms d'oiseaux en sortant du bureau du maire de Grosbar dont le mobilier avait  un jour cédé sous l'agitation convulsive du maître des lieux. Ancien employé de la Poste, il avait atterri à Grosbar au début des années 70 pour y reprendre un commerce de produit pétrolier, au sein duquel il exerçait (déjà) le métier de fumiste ! Un signe prémonitoire!


INDIFFÉRENCE



Au cours de cette période, dans une société française réputée riche, instruite, évoluée, développée, en un mot quasi parfaite ! la misère n'avait pourtant pas cessé de grandir. Ce qui le désolait. Enfant d'immigrés calabrais, arrivés en France en 1948 pour fuir la misère de leur pays, il avait connu les privations au sein d'une famille nombreuse qui, dans les premières années, vivait sur le maigre salaire d'ouvrier du père. Il en avait souffert. En silence. On se tait quand on appartient à une famille « macaronis », déracinée, confrontée en permanence au racisme ambiant.

A présent, il retrouvait des situations identiques. Il ne supportait pas le double langage des politiciens, leur constante hypocrisie face au problème de l'immigration. Il constatait avec consternation à quel point les acteurs institutionnels s'étaient éloignés de la réalité du quotidien des gens. Y compris les organisations censées défendre la base. L'exemple de la CFDT en était la parfaite illustration sous le règne de la super-pdg Notat qui transforma un syndicat de salariés en une annexe du MEDEF. Elle ne fut pas la dernière à culpabiliser les exclus, montrés du doigt parce que soi-disant incapables de s'en sortir dans ce monde de rapaces. Histoire pour elle et ses compères de se donner bonne conscience d'appartenir à la caste des fonctionnaires de son syndicat. Un comble ! Heureusement, la CGT, elle, maintint son cap. Et FO, avec Marc Blondel, sauvait l'honneur d'un syndicalisme moribond. Il n'empêche, le monde marchait sur la tête. La caste des privilégiés et des protégés avait trouvé le moyen d'anesthésier les autres. Inutile de dire que côté organisation patronale on jubilait. Avec de pareils partenaires sociaux, le baron Seillière, super boss des patrons buvait du petit lait. On pouvait multiplier les licenciements massifs. De toute façon, tout le monde s'en foutait ! Surtout la CFDT ! La France détenait, avec 40 000 TS à la fin des années 90, le triste record européen des taux de suicide. La bien pensante Côte-d'Or arrivait en tête du palmarès français, sans que cela émeuve le moins du monde les dirigeants politiques de ce département où il avait été décrété une fois pour toutes que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pour les uns comme pour les autres, passer des êtres humains par pertes et profits relevait ni plus ni moins de l'exercice comptable. La toute puissante religion de l'argent roi faisait des ravages. Mais silence. Il ne fallait surtout pas en parler. La télé (y compris les deux principales chaînes publiques à la solde

(Suite page 19)

Page précédente

Page suivante

http://vive.laliberte.chez.tiscali.fr

Fermer la fenêtre

Page 18