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(Suite de la page 51)
pleins pouvoirs du Parlement, mais qui pourrait dire aujourd'hui sérieusement que la majorité du peuple français, à l'époque, n'était pas derrière lui ? Il ne s'agit pas ici d'un problème de légitimité mais d'un problème de valeur, d'éthique. Et oui, il peut y avoir contradiction entre les deux, et encore faut-il avoir le cran, le courage, la conscience de faire la différence entre les deux et de savoir s'opposer à des ordres inhumains même s'ils émanent d'une autorité légitime. Bref savoir refuser, résister. Mais celles et ceux qui prennent ces décisions (et qui honorent la Résistance, pas la leur, celle des autres) ont-ils ce courage ? J'en doute. Si demain un parti fasciste (c'est « impossible » bien sûr comme on disait en 1939) prend le pouvoir que feront-ils ? Combien auront le courage de refuser, de s'opposer, de risquer leur carrière et leur vie ? Si je m'en réfère à l'Histoire, bien peu. Il n'est pas improbable qu'un jour à venir nous retrouvions quelques uns de ces sinistres personnages sur les bancs d'un tribunal. J'exagère ? Mais qui aurais cru en 1942 et même bien plus tard, alors qu'il était ministre de la République, que Maurice PAPON aurait été traîné par ses victimes devant un tribunal ? Personne. … ET NOUS ? Et nous, abrutis de sport, de tiercé de télé débile, de propagande démagogique, pris de vomissements et secoués de sanglots lorsqu'on nous passe en boucle (toujours au moment des repas), les victimes d'inondations et de tremblements de terre, nous qui nous précipitons sur notre carnet de chèque pour faire une bonne action, qui donnons quelques pommes de terre pour les Resto du Cœur, mais qui détournons les yeux quand les mercenaires du pouvoir traquent, raflent, arrêtent, expulsent les « délinquants » - que peut-être d'autre quelqu'un qui se fait arrêter ? - Nous « ne savons pas » c'est ce que nous disons à nos enfants et dirons à nos petits enfants… …comme nos parents nous ont dit pour justifier leur propre lâcheté. Et puis « que pouvons nous faire ? » « Ca ne dépend pas de nous », c'est « là-haut » que ça se décide. Citoyens oui, pour aller voter, mais irresponsable pour les saloperies commises en notre nom par celles et ceux que l'on a élu et leurs mercenaires. Voter est un extraordinaire moyen de se défausser, de se déresponsabiliser. Combien sommes nous quand il s'agit de se mobiliser pour empêcher des expulsions, certainement moins que si un quelconque chanteur, sportif ou vedette de la télévision vient « faire le beau » dans un grand magasin. On m'accusera de mettre tout le « monde dans le même sac ». Non, il y a eu un Jean MOULIN, mais aujourd'hui je vois plus de « Maurice PAPON » que de « Jean MOULIN ». S'il y a des « Jean MOULIN », il feraient bien de se manifester… demain il sera trop tard. Attention, les lâches se donnent parfois des allures de héros… Patrick MIGNARD
Mis en ligne le samedi 22 octobre 2005 à 12:29 sur Indymedia Toulouse
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